Depuis quelques années, la question de l’amour à l’épreuve de la vieillesse suscite de plus en plus d’intérêt. Celui-ci est lié à l’augmentation de l’espérance de vie en bonne santé tout comme aux transformations globales de la société. Les dernières enquêtes réalisées ne sont pas en reste puisqu’elles indiquent une augmentation de la qualité, mais aussi, malgré tout de la quantité des expériences sexuelles chez les personnes âgées par rapport aux générations antérieures. D’autres travaux montrent une transformation des pratiques de l’amour[1] qui remettent en cause la vision d’une sexualité humaine seule centrée sur le coït[2]. Désormais la sexualité non-pénétrative n’est plus vécue comme une sexualité par défaut.
Plus en encore, des études anglo-saxonnes portant sur l’abandon de la sexualité chez les personnes âgées montrent qu’il est moins corrélé à des paramètres d’ordre physiologiques qu’à des paramètres d’ordre psychique et sociaux. Même si avec l’âge des dysfonctions érectiles apparaissent chez l’homme ou des sécheresses vaginales chez la femme – liées en partie à l’hypertension, le diabète ou à d’autres pathologies encore [3]–, le retrait de la sexualité est avant tout lié à une injonction socio-culturelle à l’abandon. En effet, selon certains auteurs, d’un point de vue psycho-physiologique, les sexualités féminines et masculines s’amélioreraient même avec l’âge[4]. Sachant cela, c’est bien la piste d’une construction sociale de l’abandon de la sexualité qu’il conviendrait de creuser.
Par Régis Schlagdenhauffen, 17 juillet 2018
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